Mouloud Mimoun est un journaliste, rédacteur en chef, réalisateur. Il fut l’un des chroniqueurs puis le rédacteur en chef entre 1977 et 1987 de Mosaïque, émission pionnière de France 3 sur les questions d'immigration. Il créé en 2009 l’association Le Maghreb des Films.
Mouloud Mimoun est né en France d’une famille algérienne immigrée pendant la Première Guerre mondiale. En 1954 sa famille retourne en Algérie, Mouloud est âgé de 10 ans. De son enfance à Paris, il lui est resté la passion du septième art. Avant même ses 10 ans, il fréquentait avec ses copains la salle aujourd’hui disparue de l’Artistic Voltaire. Le bon élève intègrera ensuite l’École Normale d’Instituteurs à Alger, où il remarque à quel point les Algériens sont peu nombreux face aux « Européens ». Jusque-là, il se sentait français : c’est désormais impossible. Ce d’autant que, pendant la dernière année de la guerre, il voit son établissement brûlé par les partisans de l’OAS. Un responsable du FLN lui demande alors de l’aider comme « secrétaire à l’organisation ».
Il rejoint quelques mois plus tard, l’agence de presse créée par le premier gouvernement algérien. Âgé d’un peu plus de 18 ans, il est le benjamin des journalistes d’APS (Algérie Presse Service) où, chargé de couvrir la jeunesse et les sports, il côtoie souvent le tout jeune ministre s’occupant de ce domaine, Abdelaziz Bouteflika. Il continue de fréquenter les salles obscures et commence à écrire sur le cinéma, notamment dans le quotidien El Moudjahid et l’hebdomadaire Algérie-Actualité, devenant un pionnier de la critique de cinéma dans son pays. En 1965, c’est tout naturellement qu’il rejoint l’Office des actualités algériennes, dirigé par le cinéaste Mohamed Lakhdar-Hamina, dont il deviendra le rédacteur en chef. Désormais, il ne quittera plus le monde des images, devenant l’un des principaux animateurs de la cinémathèque d’Alger, alors au sommet de sa gloire : elle reçoit régulièrement les plus grands cinéastes de la planète comme Jean-Luc Godard, Youssef Chahine, Glauber Rocha ou Sembène Ousmane. « Paradoxalement, une période de grande liberté et d’effervescence en matière de culture sous Boumédiène, alors même que régnait le parti unique. »
Mal vu des autorités, notamment pour ses activités syndicales et ses liens avec le PAGS, resucée du Parti communiste, ébranlé par un coup de foudre, il décide une fois de plus de traverser la mer et devient acheteur de films étrangers pour l’Office des actualités algériennes, attaché de presse de jeunes cinéastes comme Merzak Allouache ou Mohamed Bouamari, et enfin chroniqueur cinéma de Mosaïque dès sa création par le réalisateur Tewfik Farès, un ami. À la disparition de l’émission, Mimoun réalise des documentaires pour Arte, écrit des articles dans la presse algérienne, présente La Nuit Du Ramadan sur France 2…
En 2009, avec le critique de L’Humanité Gérard Vaugeois et quelques amis fous de cinéma, il constate à quel point les films du Maghreb ont quasi disparu des écrans, dans les salles comme à la télévision, et ce des deux côtés de la Méditerranée. Presque sans moyens, il crée avec eux le Maghreb Des Films (maghrebdesfilms.fr), où il anime, bien sûr, une bonne partie des débats qui accompagnent les projections. Sa vie, à 70 ans, c’est encore et toujours le cinéma, les cinémas.
Il décède en novembre 2023.